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AZIENDE
E PRODOTTI
Le camembert chahuté par la féta et la mozzarella
Éric de La Chesnais
Les Français aiment toujours autant les fromages. Malgré
la crise, leur consommation a augmenté de 2,3 % l'an dernier, mais
des disparités existent entre les différentes variétés.
Les traditions se
perdent en France, pays des 365 fromages, associé au béret,
camembert, baguette et vin rouge. Non seulement les Français consomment
deux fois moins de vin que dans les années 1960, mais, désormais,
même le sacro-saint camembert est en perte de vitesse. «Les
ventes de camembert ont diminué de 2,6 % en 2009, explique Laurent
Damiens, directeur de la communication au Cniel (Centre national interprofessionnel
de l'économie laitière). Il s'agit d'une évolution
que l'on constate déjà depuis plusieurs années»,
poursuit-il.
Parmi les 24 kg de fromages que consomment les Français chaque
année - qui se classent deuxième en Europe derrière
les Grecs -, c'est l'emmental qui arrive en tête de leurs préférences.
«Ils en ont consommé l'an dernier 210 000 tonnes, soit en
moyenne près de 3,2 kg par personne», indique Luc Morelon,
en charge des relations institutionnelles chez Lactalis, numéro
deux mondial des produits laitiers. Avec près de 120 000 tonnes
consommées, le camembert n'arrive qu'en deuxième position
et le brie de Coulommiers (plus de 100 000 tonnes par an) ferme le trio
de tête.
Au fil des ans, le comportement des Français a changé. La
crise n'a pas affecté leur consommation qui augmente de 2,3 % à
plus de 1,5 million de tonnes en 2009, mais en revanche ils ne dégustent
plus de la même façon ce produit. Le plateau de fromages
a moins la cote et est moins systématique. «Un Français
sur deux mange encore du fromage une fois par jour entre le plat principal
et le dessert, fait remarquer Laurent Damiens. Mais les usages de snacking
comme la féta ou la mozzarella dans les salades ou les préparations
culinaires avec du râpé sont nettement en hausse.»
Ainsi les ventes du fromage râpé ont affiché une hausse
de 2,4 % l'an dernier et celles de mozzarella et de féta ont décollé
de 10 % pour représenter aujourd'hui plus de 3 % du marché
français contre 8 % au camembert et 14 % à l'emmental. Ce
n'est d'ailleurs pas un hasard si Lactalis détient un fabricant
français de féta à côté de Roquefort
dans les gorges du Tarn et commercialise sous le nom de Salakis la moitié
des besoins du marché national. Au total, le groupe mayennais détient
25 des AOC (appellation d'origine contrôlée) françaises.
Les AOC sont des fabrications artisanales par rapport aux fabrications
dites industrielles. Elles représentent un marché de niche
avec 15 % de la consommation des Français (3,6 kg par an) concentrées
sur trois produits phares : le comté, le roquefort et le cantal.
Côté export, les fromages de l'Hexagone, qui jouissent d'une
bonne image de marque à l'international, n'ont pas non plus trop
souffert de la crise. «Nous nous attendions à un fort recul
mais nous avons exporté 605 000 tonnes de fromage l'an dernier,
soit environ 30 % de la production française», reconnaît
Laurent Damiens. Un point hautement stratégique pour la filière
laitière qui a décidé de lancer une nouvelle campagne
de promotion vers des pays où la consommation est promise à
un bel avenir : les États-Unis, le Japon et la Corée du
Sud. Et demain l'Inde et la Chine.
Le
Figaro 4 febbraio 2010 - www.lefigaro.fr
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